Le jour où je suis devenue maman

… N’était pas le jour où j’ai accouché, à mon grand dam. Du moins, pas totalement.

J’étais enceinte de 38 semaines et des poussières quand mon docteur m’a fait un stripping digne de ce nom, et de sa réputation: j’ai accouché 48h plus tard. Un accouchement naturel de rêve, à l’hôpital, avec du personnel de rêve.

Naissance de Mini Puce

Naissance de Mini Puce

Mon allaitement, par contre, n’était pas à la hauteur de ma détermination. J’avais mal, je souffrais le martyr, j’avais les mamelons en sang, en lambeaux presque par moments: mais personne pour me conseiller pendant mon séjour à la maternité.
“C’est normal, ça fait mal au début. Courage, ça va passer, tu vas voir. Non, je sais pas ce qui se passe, je suis désolée, ça doit être normal…”
Ça a fait mal au moins la première semaine je crois… – Je dirai jamais assez: MARRAINE D’ALLAITEMENT! Abusez d’elles, ne faites pas comme j’ai fait! –

Mini Puce était, je ne l’apprendrai que trop tard, une BABI (ou bébé magique, merci Mitsiko Miller). J’étais totalement déstabilisée, épuisée, consternée, découragée, en pleurs, brisée, apeurée. De plus, à cause de travaux qui ne finissaient pas de finir chez nous, nous devions habiter pour quelques mois encore chez mes beaux parents, loin de chez nous. Évidemment, des frictions, attentes non comblées, chocs de personnalités et tout le tralala (je tiens à spécifier que j’ai quand même des beaux parents en or).

Disons que, comme début de vie en tant que famille, j’ai déjà vu mieux.

J’ai été en dépression post-partum plutôt intense à partir du moment où j’ai accouché, je crois, et le contexte n’a fait qu’empirer ma situation. Je faisais souvent “garder” Mini Puce en haut (nous habitions dans le sous-sol), j’avais besoin de me retrouver, je ne me sentais pas encore “maman”. Lorsque je prenais Mini Puce, j’avais l’impression d’être tellement gauche. J’étais tellement stressée que j’avais beaucoup de mal à la calmer lors de ses (fréquentes) crises: aujourd’hui il me paraît clair qu’elle avait besoin de moi, et je n’étais pas au rendez-vous. Je n’étais tout simplement pas là, dans ma tête. Mon corps lui cependant y était: j’étais plus que déterminée à continuer l’allaitement malgré les difficultés, et ça a payé. Mais Papa Puce était à la fois Papa Puce, et Maman Puce.

Mais qui étais-tu donc, Maman Puce?

Quand es-tu devenue cette Maman Puce: la maman louve, lionne, instinctive, primale qu’on connait? Parce que là, on est très loin de tout ça…

Je suis devenue ce que je suis aujourd’hui lorsque j’ai décidé de changer notre environnement, de fabriquer notre cocon, de construire notre famille: de prendre ma maternité en main. Nous sommes déménagés plus tôt que prévu avec pas grand chose chez nous, en réalité: les travaux étaient encore en cours, mais nous avions une esquisse de maison. Là, je me suis rendu compte de qui j’étais, de ce dont j’étais capable, de mes capacités. J’ai décidé que c’en était assez de n’être que l’ombre de moi-même.

Je suis devenue maman.

Dans ma tête, j’ai enfin accouché de cet enfant de 5 mois que j’avais sous les yeux. Cette magnifique fille que j’allaitais toujours avec mon corps, et maintenant avec ma tête. Le lien était enfin complet, la boucle était bouclée: j’étais née. Comme si j’étais Sailor Moon et que j’apprenais que j’étais Moon Princess et qu’on me donnait tous les pouvoirs qui viennent avec, d’un coup, de même, là (lol).

Nouveaux pouvoirs de Maman Puce et comparaison boiteuse en prime!

Nouveaux pouvoirs de Maman Puce et comparaison boiteuse en prime!

Je suis devenue la maman louve, celle qui porte, qui allaite partout, qui se fout des opinions des autres et qui ne se soucie que de son enfant. Je suis devenue extrémiste dans un sens, pour avoir été à l’autre extrême, enfermée dans un coin de ma tête. J’ai repris la part de Maman Puce que Papa Puce portait bien malgré lui sur ses épaules depuis tout ce temps, pour me soulager de ce boulet qui me handicapait. J’ai repris mes instincts en main, je me les suis appropriés.

JE me suis approprié ma fille, je l’ai découverte: je suis devenue sa maman.

J’étais née.

Naissance de Maman Puce

Naissance de Maman Puce

Être maman, ce n’est pas acquis. Ça s’apprend.

Je t’aime, ma Mini Puce, et je suis fière d’être ta Maman Puce.

Maman Puce

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4 thoughts on “Le jour où je suis devenue maman

  1. Vanessa Demers says:

    Merci, merci pour ce texte.

    J’ai vécu un peu la même chose, sauf avec un accouchement difficile, à l’opposé de tout ce que j’avais idéalisé. La dépression post-partum m’est rentré dedans. Et je me sentais comme une mauvaise mère de ne las aimer ma petite bébite autant que je le souhaitais.

    Psy, travailleur social, ma famille. Bien entouré j’ai fait du chemin et j’ai apprivoisé mon bébé et ma vie de mère. Portage, cododo et tralala, on a enfin développé le fameux lien d’attachement.

    Mon retour au travail précoce a été salutaire. Pour moi. Mais aussi pour m’aider à mieux aimer mon fils.

    1 an et des miettes plus tard, tout va comme sur des roulettes. Et je suis toujours heureuse de lire des textes sur ce sujet si tabou encore.

    Merci.

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  2. Annie says:

    Wow, c’est le fun et rassurant de lire ça à quelques semaines de mon accouchement, alors que je me demande bien comment se passera mon attachement à ce bébé..

    J’aime beaucoup lire ”qu’être maman, ce n’est pas acquis, ça s’apprend” 🙂

    Liked by 1 person

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