Les aléas de l’allaitement

Petit guide

J’ai aimé et j’aime toujours tout de l’allaitement. La proximité, les moments qui valent des millions, les regards que ma fille et moi nous sommes échangés, le côté pratique et rapide. La seule chose que je déplore, c’est la pression sociale qui vient avec, et qui ne devrait même pas exister pour un geste aussi banal et naturel. Je m’explique.

L’allaitement “prolongé”?
(avec de gros guillemets)

Dans un article relativement récent, on pouvait lire les progrès statistiques de l’allaitement à la naissance au Québec en voyant le taux passer de 76% en 2003 à 89% en 2012. BIG YAY! C’est bien, c’est même très bien, considérant que le colostrum et le lait maternel sont la boisson du champion, pour les enfants prématurés autant que nés à terme, les premières semaines sont cruciales.

L’OMS recommande l’allaitement exclusif jusqu’à six mois, et ensuite jusqu’a minimum deux ans, complété avec de la nourriture (cependant, y’a pas deux bébés de pareil: plusieurs commenceront entre 6 mois et 1 an à “manger”, mais jusqu’à 1 an, le lait maternel reste l’aliment principal). Là où j’accroche, c’est que le taux d’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois est de seulement 19% (bon, on s’entend, “exclusivement”, donc ça veut dire qu’il existe un plus haut pourcentage de bébés allaités non-exclusivement, mais c’est pas des masses).

Pourquoi si peu?
à cause de…

  • La pression sociale qui veut que certains perçoivent l’allaitement “prolongé” comme étant awkward, dérangeant et même incestueux, ce qui décourage plusieurs mamans;
  • La désinformation/la qualité de l’information reçue par les nouvelles mamans allaitantes (tant par l’entourage que par certains membres du personnel hospitalier – je vais encore me faire pitcher des roches);
  • Le manque de soutien de l’entourage proche (famille, conjoint, amis) de la jeune maman;
  • La sexualisation des seins et l’envie de se les “réaproprier”;
  • L’adultisme chez l’enfant qui veut qu’il dorme dans sa chambre rapidement, qu’il ne soit pas trop porté, etc., ne favorisant pas le lien d’attachement et donc, la lactation;
  • La pression de l’entourage et les croyances générationnelles (souvent erronées) voulant que l’enfant mange tôt, qu’il boive au biberon et qu’il prenne la suce, les pires ennemis de l’allaitement;
  • La marginalisation de l’allaitement dit “long”, l’envie de rentrer dans le moule, être socialement accepté;
  • Le manque d’aide des jeunes mamans face aux maux de l’allaitement la plupart du temps faciles à régler (gerçures, crevasses, morsures, mastite, mamelons invaginés, mauvaise prise du sein, “manque de lait”, etc).

Pourquoi allaiter (plus) longtemps?
Parce que…

  • Si, mondialement, on allaitait exclusivement dès la naissance jusqu’à six mois, et ensuite jusqu’à minimum deux ans, “on sauverait 800 000 vies d’enfants chaque année”;
  • Le lait maternel offre, avec les millions-milliards-billiards d’anticorps qu’il contient, “la protection suffisante face à la diarrhée et la pneumonie”, les deux premières causes de mort infantile dans le monde;
  • Pour la maman, l’allaitement exclusif agit comme contraceptif (pas infaillible mais presque) pendant les 6 premiers mois, brûle 500 calories par jour (bye bye, bedon mou!), aide donc à lutter contre l’obésité et EN PLUS atténue les risques de cancer du sein et de l’ovaire;
  • C’pas vrai que l’allaitement rend plus intelligent; c’est juste que l’allaitement “prolongé” offre au cerveau de l’enfant ce dont il a besoin pour se développer correctement, contrairement aux préparations commerciales pour nourrissons qui n’ont pas cette fonction;
  • À long terme chez l’enfant, plusieurs impacts positifs sur la santé suite à un allaitement “prolongé”: “tension artérielle et une cholestérolémie plus basses et souffrent plus rarement de surpoids, d’obésité ou de diabète de type 2”;
  • Maman séropositive transmet à bébé via la grossesse ou l’accouchement ou l’allaitement? Bébé a plus de chances de survivre sans être infecté si maman allaite, en plus de recevoir un traitement antirétroviral;
  • Il est possible de continuer l’allaitement en tirant son lait sur ses lieux de travail, ne serait-ce qu’en plus petite quantité, et en conservant des tétées le matin et le soir: mieux vaut un peu que rien du tout, et ça vaut tellement pour bébé!;
  • Ça aide beaucoup l’enfant à passer à travers des moments stressants: anxiété de séparation, transition vers le lit de grand (ou pas), avant un examen à l’université… 😉
  • Vous suivriez ainsi votre instinct et la norme de votre espèce: le sevrage naturel chez l’humain est entre 2 et 7 ans.

Oui mais…

Maman Puce et Mini Puce avec les Amis Puce, allaités incroyablement longtemps! Crédit photo: Moments Infinis

Maman Puce et Mini Puce avec les Amis Puce, allaités incroyablement longtemps (1 an ici)!
Crédit photo: Moments Infinis

Ça le rendra pas genre super dépendant et il voudra pu décoller de moi, jamais?

Naon. Que vous allaitiez ou pas, votre bébé est unique: même s’il peut pas avoir votre lait, s’il a envie de vous coller aux baskets jusqu’à 3 ans, il va le faire anyway. Par contre, si vous lui donnez le sein, ça le réconfortera probablement assez pour satisfaire son besoin de proximité et au contraire, ça l’aidera à avoir confiance en lui!

Ma famille/mon ami/la madame dans l’autobus me demande quand est-ce que je vais arrêter d’allaiter parce que jeanot est vieux…

On s’en câlisse? Qu’est-ce que cette personne-là a d’affaire dans ta brassière, dis-moi donc, petite maman? Rien? C’est bien ce que je pensais! Alors je te suggère de faire un gros sourire malaisant et de lui souhaiter bonne journée en lui flashant tes boobs (ou si tu es courageuse, de lui splasher un peu de lait dans sa face/dans son café).
Non, plus sérieusement: ignorez ces remarques, elles ne vous apportent absolument rien de positif à part de vous marginaliser et de vous faire douter de vous-même alors que vous ne faites ce qui est de mieux et pour vous, et pour votre mini.

OMGWTF une mère Ki allaite un enfan qui peu marcher/parler/me sacrer un coup de pied sur le tibia: S’EST DE L’INSSESTE!!11!1!

(bis) On s’en câlisse? Qu’est-ce que cette personne-là a d’affaire dans ta brassière, dis-moi donc, petite maman? Rien? C’est bien ce que je pensais! Alors je te suggère de faire un gros sourire malaisant et de lui souhaiter bonne journée en lui flashant tes boobs (ou si tu es courageuse, de lui splasher un peu de lait dans sa face/dans son café).

Bonne journée! ❤

Maman Puce


PETITS GUIDES POUR ME FAIRE PÉTER UN PLOMB:

12 thoughts on “Les aléas de l’allaitement

  1. Lauraki says:

    Hahaha j’ai tellement ri avec ta conclusion… lue pendant la tété d’avant dodo 😉 j’allaite toujours (bouhouhou, elle a plus de 2 ans et demi) et entre ça et elle peut pas rester enfant unique, j’en ai entendu des belles. Nos seins et notre utérus, il semblerait que dès qu’on met bas, ça devienne le sujet des repas de famille d’intérêt public. Je devrais peut être publiée un communiqué pour le crier haut et fort que je me fou de leurs avis!!!
    Haaaaaa!! Ça fait du bien 😂

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  2. Marina says:

    Vous m’avez retiré toute envie d’allaiter “agit comme contraceptif”
    Et oui, je trouve ça vraiment vraiment² gênant de voir un enfant qui marche ou parler être accroché au sein de sa mère et c’est culturel : chez moi, les enfants ne doivent plus être accrochés à leurs parents s’ils savent marcher et parler, la mère est aussi une femme, alors déjà que six mois c’est long… (oui je veux des enfants, non je ne suis pas un monstre, j’habite un pays bien développé ou des solutions existent pour pallier à ça,)

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    • Geneviève says:

      Comme vous dites, c’est culturel, c’est bien que vous vous en rendiez compte.
      Cependant, à vous la tête: si vous décidez d’abonder dans le même sens sans vous faire une opinion basée sur des faits et des arguments en suivant la masse parce que “c’est de même que ça marche”, c’est aussi votre problème.
      Je devine que vous êtes française, là où l’allaitement est très faible comme les congés parentaux sont très courts, je peux comprendre que ce soit étrange de voir ça. Mais au Québec aussi c’est étrange et culturel même si nos congés parentaux sont plus longs: ceci dit, j’ai quand même fait l’effort de m’informer pour me faire une opinion.
      Si la lecture de mon article vous a enlevé l’envie d’allaiter, hé bien, tant pis, ça vous appartient 😉
      Justement, dans les pays développés, c’est là qu’existe ce problème. Dans les pays sous-développés et/ou du tiers monde, on n’a pas l’argent pour acheter ces solutions dont vous parler et on allaite parce que l’allaitement, c’est gratuit, et le meilleur aliment pour bébé de surcroît.
      Bonne journée!

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    • Marina says:

      “que je m’en rende compte” “c’est mon problème” “sans me faire une opinion”
      Eh ben vaut mieux abonder dans le sens de l’auteur visiblement…
      Et oui je suis française mais des îles ou la mentalité est très différente. (par exemple on ne dort pas avec les enfants, car il n’existe pas d’instinct qui empêche la mère d’écraser son bébé, il y a des morts tous les ans à cause de ça en fait, de même que la chambre des parents est sacrée car c’est le dernier rempart entre le rôle de parents et le rôle d’amants)
      Non, je ne suis pas la masse, je me suis justement renseignée avant de voir que c’est ce que je voulais suivre.
      Et ça n’a rien à voir avec les congés parentaux : je suis femme au foyer donc…
      Mais je trouve surtout qu’allaiter deux ans fait devenir la femme plus “maman” que femme. Après en avoir parlé à pas mal de mères, aucune d’elle ne supportait d’être touchée là où l’enfant mettait sa bouche la minute d’avant, et je prie vraiment fort pour jamais finir comme ça. Disons que contrairement à beaucoup je ne voit pas l’enfant comme un merveilleux roi pour qui on doit absolument tout sacrifier mais comme un être à qui on doit transmettre ce que l’on est et à qui on doit apprendre à devenir indépendant.

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