Quand on parle de l’introduction des solides, c’est toujours un peu le bordel. Tout le monde y met son grain de sel: grand-maman qui donnait de la purée de carottes à deux semaines, l’autre qui a un ordre précis d’aliments à introduire, ou encore celui qui ne jure que par les solides à 4 mois. Faisons un peu le ménage là-dedans, voulez-vous?
Allaitement exclusif JUsqu’à 6 mois
Mamans qui allaitent: vous avez rien à faire jusqu’à minimum 6 mois. Vous allaitez, point barre. Il faut savoir que l’introduction précoce des solides n’a été poussée que vers les années 60-70 par les industries des petits pots qui s’en sont mêlé et ont commencé à mélanger tout le monde. Aujourd’hui on revient de plus en plus à la réalité et on se calme! À une époque où le lait maternel est l’objectif d’études, on veut imiter sa composition: c’est lui, le super aliment. Il change avec les besoins grandissants du bébé tant dans sa composition que dans sa production. Il sera TOUJOURS adapté à votre bébé jusqu’à 6 mois, où là encore il suffit amplement à ses besoins nutritionnels, et l’OMS recommande toujours l’allaitement mixte jusqu’à minimum 2 ans.
Il faut savoir que les nutriments composant le lait maternel sont presqu’immédiatement assimilés par bébé, alors que les nutriments des solides sont trop complexes encore pour son pauvre petit système digestif pas encore assez mature, jusqu’à environ six mois de vie, après quoi l’alimentation est un jeu d’expérimentation (textures, goût) jusqu’à un an environ, après quoi il retirera l’essentiel des nutriments offerts pas la nourriture.
Passé six mois, le lait maternel ne comble plus tous les besoins nutritionnels de l’enfant. Là, je dis passé six mois, et encore: PAS AVANT. Je cite ici la Ligue de la Leche qui explique très bien le pourquoi du comment avec des études solides et des sources fiables:
“Comme le disait l’UNICEF en 1999, « sauf cas très rares, non seulement le bébé n’a besoin d’aucun autre liquide ou aliment avant 6 mois, mais de plus ces compléments peuvent être nuisibles, en augmentant l’exposition aux germes pathogènes, en favorisant la survenue d’allergies, et en abaissant la quantité de lait maternel consommé par l’enfant ».
[…]
Les allergologues quant à eux s’accordent tous pour déconseiller une diversification alimentaire précoce, car plus l’on introduit tôt un aliment, plus le risque d’intolérance, voire d’allergie vraie est grand. Comme le disait le Pr Dutau (CHU de Toulouse) dans un article de Que Choisir en 1999, « il n’existe aucun argument médical pour donner autre chose que du lait maternel ou en poudre avant l’âge de six mois ».
[…]
Même si certains enfants exclusivement allaités peuvent continuer à avoir une croissance satisfaisante bien au-delà d’un an, l’apport calorique réalisé par le lait maternel peut dans certains cas s’avérer insuffisant à partir de 8 ou 9 mois. On estime par ailleurs qu’en moyenne, un bébé né à terme commencera à avoir besoin de fer provenant d’autres sources entre 6 et 9 mois.”
Purées ou diversification alimentaire menée par l’enfant (DME/BLW)?
Lorsqu’on décide de commencer l’introduction des solides, on se bute à deux écoles de pensée: les purées et le Baby Led Weaning. Il faut attendre que le petit corps de bébé ait acquis certaines capacités qu’on peut observer de l’extérieur pour quelques unes d’entre elles (merci encore LLL):
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“L’appareil digestif a mûri et devient capable d’absorber toute une gamme d’aliments;
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La « barrière » de la muqueuse intestinale s’est développée, ce qui réduit les risques d’allergie alimentaire;
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Le réflexe de succion a diminué, la sécrétion de salive augmente et aide l’enfant à avaler des aliments de consistance épaisse;
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La coordination musculaire s’est améliorée : la langue peut transférer à peu près les aliments solides de l’avant à l’arrière de la bouche;
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Le contrôle des mouvements de la tête s’est amélioré, le bébé tient assis, peut se pencher en avant, détourner la tête pour dire qu’il n’a plus faim, il tient bien les objets entre le pouce et les autres doigts et peut les diriger vers sa bouche sans craindre de s’éborgner…;
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Les dents commencent à apparaître.”

Mini Puce qui pratique la DME avec une branche de bois (lol).
C’est vers ce moment-là que lors des repas, vous verrez les yeux de votre coco pétiller avec un air de “J’AI PLEIN DE SALIVE DANS MA BOUCHE”. C’est facile d’halluciner ce moment-là avant par contre, attention à votre projection personnelle de bébé-qui-est-rendu-tellement-grand-qu’il-veut-manger-voyons-ça-paraît!
Et une fois rendus là… J’avoue que c’était le fun en titi de faire des purées jusqu’à 11h le soir! Mais connaissez-vous la diversification alimentaire menée par l’enfant (DME), ou Baby Led Weaning (BLW)? Pour vous aider à découvrir cette option qui enlève l’étape purées et fait tout simplement introduire l’enfant dans vos repas de manière simple et sécuritaire, je vous invite à consulter ce blog québécois ainsi que ce site français dédiés à la DME et où on retrouve une foule d’informations. En gros, ça consiste à faire expérimenter l’enfant de manière autonome à la hauteur de ses capacités (on s’entend qu’il ne mangera pas un steak à 6 mois, mais il aimera toucher sa texture et en suçoter un bout). Des légumes bien cuits, de la viande en gros morceau, tant que c’est facile à manipuler pour lui et qu’il peut contrôler la quantité qu’il croque.
L’avantage sur les purées? En fait, la DME est la continuité de l’allaitement pour les enfants, dans un certain sens. Beaucoup moins compliqué que les purées, on n’a qu’à assaisonner moins les aliments qu’on donne à bébé. Ça pratique son autonomie, et diminue de beaucoup le danger d’étouffement (bon, les premiers gag reflex font peur mais on s’habitue!). Comment ça? Parce que lorsque l’enfant passe des purées aux morceaux, l’enfant n’a pas appris à mâcher, seulement à avaler, donc il sera porté à vouloir avaler des morceaux non mâchés. Logique quand on y pense, non? Le côté sensoriel est d’autant plus stimulé que par les purées: on touche les textures, on observe les couleurs, on manipule, on suçote, on mâchouille, on croque, on écrase. L’apprentissage se fait juste plus rapidement et l’enfant n’en est que plus autonome, plus rapidement, sous surveillance constante bien sûr!
“Pas besoin non plus de tout réduire en bouillie, bien au contraire : le bébé qui est prêt pour les solides aime manger des morceaux (même si, au début, on les retrouve intacts dans la couche !), il aime même ronger des choses dures. Il faut savoir qu’un bébé allaité digère mieux et plus tôt les aliments solides qu’un enfant nourri au lait industriel, car le lait maternel contient des enzymes qui l’aident à digérer les gras, les protéines et les féculents.” – LLL
Quels aliments?
L’ordre aurait aujourd’hui plus ou moins d’importance. Il faut juste veiller à n’introduire qu’un nouvel aliment à la fois pendant 3 jours: si l’enfant fait une réaction allergique, on saura à quoi! Surtout pour les allergènes en fait (les arachides, le blé, les fruits de mer, les graines de sésame, le lait, les noix, les œufs, le soya, les sulfites et la moutarde), le reste c’est quand même rare.
Et aucune étude ne démontre que le fait d’introduire plus tardivement ces aliments réduit les chances de contracter une allergie à ceux-ci, donc! À surveiller surtout si un deux des parents a des allergies connues.
Mention spéciale pour le miel à éviter avant deux ans à cause du botulisme et le lait de vache pas avant 9 mois!
Autres liens intéressants à consulter
Mère Poule: l’introduction des aliments
Organisation Mondiale de la Santé: alimentation du nourrisson
Naître et grandir: l’introduction aux aliments
Maman Puce