Le phénomène du parent mou

C’est souvent comme ça qu’on le qualifie. Ce parent qui ne discipline pas à proprement parler, qui n’use pas du coin, qui ne punit pas, qui ne crie pas, qui ne prend pas son enfant par le bras, qui ne le met pas en time out. Parent mou, laxiste, bonbon, permissif. Et que dire de l’enfant? Enfant-roi, il a le droit de tout faire, de tout dire. Il ne respecte pas ses parents, il est indiscipliné, rebelle, je-m’en-foutiste.

Ou… est-ce vraiment le cas?

Ce parent mou? C’est moi, c’est Papa Puce. Cet enfant roi? C’est Mini Puce. Pour ceux qui nous connaissent, vous reconnaîtrez que Mini Puce est calme, sage, observatrice, attentionnée et écoute quand on lui parle. Et quand on lui parle, on la respecte, et nous nous sentons inversement respectés. Mini Puce n’a jamais été au coin pour autant, nous n’avons (presque) jamais élevé le ton, elle ne connait pas la punition, et pourtant, c’est une des enfants des plus disciplinés que je connaisse.

Vlan dans les dents, les préjugés!

Comment avons nous fait? Tout d’abord, nous ne sommes ab-so-lu-ment pas parfaits, très loin de là. Je rappelle que ce petit bout d’humain a presque trois ans, donc on fait face à la légendaire-phase-dont-je-tairai-le-nom comme tout le monde. On a levé la voix sans le vouloir quelques fois, on a été bêtes sans le vouloir: on est fatigués et impatients, on est humains. Mais tout réside, je pense, dans la philosophie familiale, l’écoute, le respect et la compréhension. Et surtout, la communication et la verbalisation.

Communiquer et verbaliser avec un enfant… ha-ha-ha.

Nous ne sommes PAS laxistes, nous ne laissons pas Mini Puce faire tout ce qu’elle veut. Cependant, on réfléchit: “est-ce vraiment grave? est-ce que ça la rend heureuse? comprend-elle les conséquences?” On essaie d’interdire le moins de choses possible parce qu’on sait que plus c’est interdit, plus c’est attirant. Cependant, quand on doit interdire quelque chose, on le fait sans que ça ait l’air de l’être.

Verbaliser et expliquer de manière positive.

Au lieu de dire “NON, fais pas ça!”, on essaie de transformer ça plus en “J’aimerais que tu fasses ça au lieu de ça, parce que sinon ça fait ça”, ou “si tu fais ça, regarde ce que ça fait. Et si tu faisais plutôt ça?” Ça rejoint pas mal les principes de parentalité bienveillante et de discipline positive que j’explique dans mon petit guide du parent hippie.

Il faut décrire le comportement de l’enfant et non l’enfant, ex.: « Quand tu me cries dans les oreilles, je n’aime pas cela. Je veux que tu me parles doucement. »

Parce que oui, un enfant est bel et bien capable de comprendre lorsque vous lui parlez calmement, bien plus que si vous lui criez dessus ou le mettez en punition.

Le renforcement positif a toujours su faire ses preuves face au renforcement négatif, et crois sincèrement que c’est la bonne chose à faire pour établir des bonnes bases pour un petit humain qui un jour sera grand.

De cette manière, il vaut mieux accorder une plus grande importance aux comportements positifs qu’aux comportements négatifs, et quand on commence à le faire, on se rend compte que les négatifs nous agressent beaucoup moins et qu’on s’emportait souvent pour des choses tellement mineures qui n’étaient pas si négatives que ça.

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LES CINQ « C » DES RÈGLES À ÉTABLIR :

  1. Claires et sécurisantes : Établir des règles faciles à comprendre par les enfants. Elles véhiculent les principales valeurs que je veux transmettre, par exemple : le respect de soi, des autres et de l’environnement; développer de saines habitudes de vie; etc.
  2. Concrètes et réalistes : Établir des règles concrètes et réalistes qui reflètent le comportement escompté. Elles sont formulées de façon positive, par exemple : Plutôt que de dire « arrête de crier », je dis à l’enfant « parle doucement ».
  3. Constantes et prévisibles : Les règles établies ne varient pas au gré de l’humeur de l’adulte et doivent être peu nombreuses afin de respecter la capacité de l’enfant. Il s’agit de se rappeler qu’un enfant de 6 à 12 ans, par exemple, peut intégrer et appliquer seulement 5 à 6 règles à la fois.
  4. Cohérentes : Les règles doivent être cohérentes, c’est-à-dire qu’elles doivent être respectées également par l’adulte qui les établie, de façon à donner l’exemple en agissant lui-même selon les valeurs qu’il veut transmettre. Par exemple : Je demande à mon enfant de faire son lit le matin, alors bien sûr je fais le mien!
  5. Conséquences logiques à l’appui : Les conséquences sont des moyens d’apprendre et de grandir. Pour que les enfants apprennent à assumer les conséquences de leurs gestes, il doit y avoir une logique entre leur comportement jugé inacceptable et la conséquence. Souvenez-vous toutefois que les conséquences sont des moyens d’apprendre et que l’apprentissage n’a pas besoin d’être douloureux.

Exprimer nos émotions

C’est un point tellement important. Si ma fille me pousse à bout, je me retire quelques instants et je reviens, je m’excuse de m’être emportée et je lui explique ce qui m’a fâchée. Je lui demande si elle comprend, si ce n’est pas le cas, je l’explique d’une autre manière jusqu’à ce qu’elle comprenne, puis on se fait un câlin.

Et voilà, désamorcé, et en plus on a appris quelque chose. 

Si on veut que notre enfant soit capable de faire pareil lorsqu’il grandira au lieu de se renfermer, c’est important qu’il ait un bon modèle pour reproduire un bon effet miroir, je pense.

Pour terminer, je répète que je suis TELLEMENT pas parfaite, je suis pas non plus une spécialiste. Mais pour nous: ça marche, merveilleusement bien même. C’est pas compliqué, on consacre beaucoup moins d’énergie à la frustration, et ça fait une atmosphère beaucoup plus peace and love.

Maman Puce

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Calmer son enfant révolté

Mini Puce est en plein Terrible Two (j’ai aussi entendu parler du Threenager et du Fucking Four, mais hey, j’pense qu’on peut juste appeler ça un enfant: c’est de même jusqu’à quoi… 16 ans? :D). Ma fille est aussi ce qu’on peut appeler un BABI ou, comme j’aime mieux, un enfant magique: la gestion de crises fait donc partie intégrale de ma vie! Aussi, lorsque je dis qu’il n’y a pas de discipline à proprement parler dans la maison, j’ai l’air d’une méchante bibitte.

Je sais qu’on est souvent dépassés en tant que parent d’un jeune enfant en pleine révolte (le tempérament de l’enfant joue aussi beaucoup dans le type d’approche qu’on prend) et je ne suis pas une spécialiste, mais je vais faire une petite liste des trucs que j’ai développés, si ça peut aider un ou deux parent à boutte.

Le petit coin calme

Nous avons la chance d’avoir un espace assez large sous le divan pour y cacher l’ancien matelas de bassinette de Mini Puce (qui n’a presque pas servi), alors je l’y ai placé. Rapidement, lorsqu’elle était fatiguée et un peu plus à fleur de peau, j’ai vite développé le truc du coin calme. On sort le matelas et la petite boîte à jeux calmes: rien de trop stimulant, genre des boules de ouate, une loupe, un collier à mâchouiller, un jeu d’ombres à associer avec des formes, etc.

On appelle ça “une p’tite pause”: elle s’y installe (parfois d’elle-même) avec sa doudou et parfois sa suce, tout dépendant du degré de crise, et joue ou s’étend jusqu’à ce qu’elle se sente plus calme. Je reste souvent près d’elle pour lui flatter le dos jusqu’à ce qu’elle s’intéresse à un objet de la boîte ou qu’elle s’étende: le contact physique est très important pour la gestion du stress engendré par des émotions fortes que l’enfant ne peut pas contrôler. Ensuite, lorsqu’elle s’est calmée, elle va d’elle-même me chercher ou passer à une autre activité.

Réconfort physique

… Pas immédiat si elle me repousse ou se débat, et pas pentoute si elle est pas réceptive au contact. Mais souvent, je la prends dans mes bras (et elle m’enserre avec ses bras et jambes telle une pieuvre), ou je la mets sur mon dos pour faire un tour de “maman la pouliche”. Porte-bébé parfois, sur la hanche jusqu’à ce qu’elle se calme. Le pire c’est la dynamique parent debout-enfant par terre: faut juste pas essayer de raisonner un enfant en crise.

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Une fois qu’elle est calme, on parle si besoin est. Mais avec le contact physique, souvent, c’est comme si elle se déchargeait le trop plein via mon corps (j’ai l’air bizarre, là, mais c’est ça pareil). Je lui propose aussi d’aller s’étendre sur le lit et de “faire pousser des choses dans son dos” en massage, elle accepte presque toujours quand l’heure du dodo est proche, c’est souvent la dernière étape: c’est elle qui choisit ce qu’on fait pousser, donc elle trouve ça très chouette!

Changer le mal de place

Grosse crise incontrôlable et réceptive à rien? Je deviens un G.O.: “as-tu envie de jouer aux blocs / d’aller te balancer / de lire “livre X” / d’écouter des comptines?” Bref, je lui propose des activités qu’elle aime et que je ferai avec elle pour carrément changer le mal de place et qu’elle oublie sa crise. Ça marche bien très souvent!

Version bouffe aussi si c’est l’heure du repas/de la collation: elle adore couper des fruits et légumes, m’aider en jetant les pelures et rognons, mettre les morceaux coupés dans un bol, jouer avec les coquilles d’oeufs, mélanger… Tous les enfants aiment qu’on les implique dans la préparation des repas, c’est très stimulant et éducatif en plus!

Aussi, je regarde quelle heure il est: est-elle en train de virer folle parce qu’elle est tannée d’être à l’intérieur? Si oui, on s’habille et hop! dehors. Ça c’est un game changer, évidemment!

L’isolement social

Mini Puce ne tripe pas tans sur le social, tant des autres enfants que les adultes: elle veut donc très souvent entrer dans mes jupes (lire: mon utérus) lorsqu’on a des invités. Matelas + doudou est une bonne solution si elle est fatiguée: ça lui permet d’observer et de s’isoler le temps qu’elle a besoin, sinon le porte-bébé est souvent la seule solution, comme j’ai souvent besoin de mes mains (comme tout l’monde). Je ne la force pas à socialiser lorsqu’elle ne le veut pas: j’ai été dans sa situation bien trop souvent, je la comprends. Si je la forçait, ça rendrait selon moi l’expérience juste plus désagréable et elle associerait le stimuli social avec un refus de réconfort, j’sais pas trop. Donc bon, on attend que ça passe.

Expliquer calmement

J’établis un contact visuel lorsqu’elle est calme et réceptive, et je lui explique calmement le pourquoi du comment si c’est une situation genre “non tu peux pas mettre des petits pois dans ton nez”, ou j’essaie de comprendre ce qu’elle ressent en lui posant des questions précises, du genre “tu es fâchée parce que je t’interdis d’ouvrir la porte d’armoire? C’est ça?” puis j’explique pourquoi si elle me répond oui (ce qu’elle fait souvent). Je m’assure qu’elle comprend, puis ensuite je lui propose autre chose de plus alléchant (voir “Changer le mal de place”) pour oublier tout ça et passer à autre chose. Ça lui permet d’assimiler l’explication tout en ne “bockant” pas là-dessus.

Ninja Parent, ASSEMBLE!
Maman Puce