Enfant à la maison, garderie, socialisation et développement

Depuis que je suis maman à la maison, j’ai remarqué tant chez la famille que chez les amis qu’on pensait que ces pauvres enfants ne socialisaient pas. On s’entend, c’est aussi le même principe que pour l’école à la maison: je sais que plusieurs se font reprocher de trop envelopper leurs enfants, de les mettre dans un cocon, de les priver de socialiser. Maiiiis, parce que ça prend bien un MÉGA MAIS: qu’en est-il réellement? Parce qu’évidemment, c’pas de même pentoute que ça se passe.

Maman à la maison… Partout, sauf à la maison

De toutes les mamans à la maison, honnêtement, j’en connais pas une qui reste toujours chez elle. En fait, je me fais souvent dire que pour une maman à la maison, je suis JAMAIS à la maison! Parc, ruelle, épicerie, pharmacie, marché, boutiques… La vie de tous les jours, quoi! C’est en plein ce que vous faites, vous aussi: trouvez-vous que vous manquez de socialisation? Vous sentez-vous obligé d’aller dans une salle pleine d’autres adultes pour avoir votre “quota”? Non? Ben moi non plus. Pourquoi ce serait différent pour nos chérubins?

N’oubliez pas que ces enfants socialisent en permanence: ils ne sont jamais seuls, ils ont leurs parents et avec tous ceux qu’ils croisent. Plusieurs croient (peut-être à tort selon certaines écoles de pensées) que les enfants, pour socialiser, doivent être en contact avec des enfants de leur groupe d’âge, alors que je suis plutôt de celle qui croit que la socialisation avec les pairs (famille, amis) est tout aussi importante pour leur développement, et pas “de moins bonne qualité”.

J’ai trouvé ce petit bout de texte qui dit vraiment bien ce que je pense et crois fermement à ce sujet:

“Selon M. Bronfenbrenner de l’Université Cornell, les enfants qui passent plus de temps avec leurs pairs qu’avec leurs parents deviennent généralement dépendants de ces pairs et négligent vite l’influence parentale.

S’éloigner de la pression des pairs offre plusieurs avantages: la confiance en soi, la pensée autonome, la capacité d’être en relation avec des personnes de tous les groupes d’âge et enfin, de meilleures relations familiales.

À la maison, les parents peuvent enseigner, mettre en évidence et renforcer les principes moraux qui constituent la base des relations avec les autres. Les enfants développent les habiletés sociales nécessaires grâce à l’interaction avec leurs frères et leurs soeurs ou avec d’autres enfants et adultes qui sont sous la supervision de leurs parents. Les jeunes enfants qui ont grandi dans ce genre d’environnement se sont très bien adaptés à la vie adulte.

[…] Selon M. Brian Ray, de nombreuses études ont démontré que les enfants qui bénéficient de l’enseignement à domicile sont aussi bien adaptés sur le plan social et émotif que les élèves qui fréquentent l’école, sinon mieux.”

11390136_10153396485062238_7511934043857017934_n

À la maison, à la garderie…

Premièrement, je ne suis pas contre les garderies: ma fille va en CPE deux jours semaines (place qu’on a acceptée parce qu’à Montréal, on crache pas sur une place en CPE, et ça me donne deux jours pour faire des contrats). Mais connaissez-vous le livre Le Bébé et l’eau du bain? Il apporte un point de vue adoré par certains et encensé par d’autres: les effets que la garderie a sur nos enfants, exploré par un pédiatre (Dr. Jean-François Chicoine) et une journaliste (Nathalie Collard). La sortie de ce livre a fait beaucoup de remous dans les spécialistes mais aussi dans la populasse… Ils ont affirmé que les enfants ne devraient pas fréquenter la garderie avant 18 mois, dans une époque où on doit les envoyer même avant leur premier anniversaire pour des raisons bureaucratiques. 

Voici un extrait d’une entrevue avec le pédiatre en question qui explique le précédent point:

“Quel est le danger qui guette l’enfant?

“En fait, la plupart des enfants, même si tout est fait de travers, vont quand même bien s’en sortir parce que le plus important au bout du compte, c’est le couple parental. Une heure ou deux ou trois le soir et les weekends vont imprimer son style affectif à l’enfant et lui donner une base de sécurité importante. Par ailleurs, si l’enfant – et ça, c’est très clair –, surtout à partir de l’âge de 9 mois, voit trop de figure d’attachement cet enfant-là va se dire « je suis un très bon bébé, je suis un moyen bébé ou je suis un bébé qui n’en vaut pas la peine… », et à partir du moment où il se dit ça, il confie de moins en moins sa survie à l’adulte qui s’occupe de lui et il essaie lui-même de s’occuper de ses affaires.

Gérer ce stress-là peut atteindre les cellules cérébrales et ça atteint aussi la manière dont l’enfant se comporte avec l’adulte. Ou il devient très anxieux, il crie, on est souvent obligé de le changer de lait, il a des troubles du sommeil, il fait des crises au centre d’achats, ou ça fait un bébé qui est toujours sous les jupes de sa mère et qui a de la difficulté à s’en séparer, qui est indisciplinable, ou encore un enfant qui est plus violent, plus agressif, plus enragé et qui n’écoutera pas plus son professeur qu’il écoutait son parent parce que justement il ne fait pas confiance. Il va éventuellement avoir un problème de confiance en lui, d’estime de soi, d’estime des autres…

Ce n’est pas tous les enfants; 10, 20, 30 %, on ne sait pas. La seule chose qu’on sait maintenant – et c’est un des messages importants du livre – c’est qu’il y a une continuité dans les modèles affectifs avant 18 mois, dans la petite enfance, dans l’enfance et à l’adolescence pour toute la vie. Ce qu’on est avant l’âge de trois ans est quelque chose qu’on peut retrouver à 30 ou 40 ans! Le cerveau se développe à 95 % jusqu’à l’âge de 3 ans.”

[…] Vous dites même qu’un enfant qui n’est pas adapté à sa garderie après un mois est un enfant normal…

Tout à fait. Entre l’ajustement et l’attachement il y a un monde. C’est tout à fait normal pour un enfant de moins de 18 mois, dans le mois, 2 mois et même 3 mois qu’il vient d’être mis à la garderie, de faire des crises et d’essayer de voir si les gens l’aiment. Et à ces crises, il faut répondre avec énormément d’encadrement et de contenance, avant de pouvoir le discipliner. On ne peut pas discipliner un enfant qui ne nous fait pas confiance. L’enfant qui ne veut pas déranger est l’enfant qui s’ajuste, s’adapte et se dit en lui-même, « je ne peux pas confier ma détresse à cette éducatrice, je vais donc me taire, fermer ma gueule, ne pas faire de crise », et cet enfant-là gère lui-même son stress. L’enfant de moins de 18 mois qui ne pleure pas quand on l’emmène à la garderie, pour moi le pédiatre, c’est l’enfant qui m’inquiète. Si l’enfant crie, il est en train de vous demander « est-ce que tu m’aimes? ». Si l’enfant ferme sa boîte, c’est qu’il se dit « vous ne m’aimez pas et je vais garder ça pour moi ». Sa conclusion est tirée.”

Bref, oui l’enfant va socialiser à la garderie, avec des enfants de son groupe d’âge. Mais ce sera, à mon très humble avis et au vu de mes lectures, au détriment du lien d’attachement avec ses parents. Mais je sais aussi pertinemment que dans le système sociétal dans lequel on vit actuellement, plusieurs parents n’ont PAS LE CHOIX d’envoyer leurs enfants en garderie tôt, et c’est ce que je déplore: oui les parents retournent plus vite au travail, mais c’est les futurs citoyens qu’on néglige. Je trouve inacceptable que dans une société moderne on bâcle l’éducation et l’attachement de ceux qui prendront soin de nos valeurs plus tard au profit de plus d’argent dans l’immédiat. Un genre de “fast food” de la maternité…

Hier, aujourd’hui… Et demain?

On a beau dire qu’avant, la dépression, le TDA, les maladies mentales “ça n’existait pas ça, dans mon temps” et qu’aujourd’hui “c’est en vogue/une mode”, mais s’est-on posé les bonnes questions? Qu’est-ce qui a changé, entre hier et aujourd’hui? Je me le demande… Et de quoi aura l’air demain? Je me le demande encore plus.

10370361_10152795870962238_6141910211942899441_n

Advertisement

L’introduction des solides… Qui dit vrai?

Quand on parle de l’introduction des solides, c’est toujours un peu le bordel. Tout le monde y met son grain de sel: grand-maman qui donnait de la purée de carottes à deux semaines, l’autre qui a un ordre précis d’aliments à introduire, ou encore celui qui ne jure que par les solides à 4 mois. Faisons un peu le ménage là-dedans, voulez-vous?

Allaitement exclusif JUsqu’à 6 mois

Mamans qui allaitent: vous avez rien à faire jusqu’à minimum 6 mois. Vous allaitez, point barre. Il faut savoir que l’introduction précoce des solides n’a été poussée que vers les années 60-70 par les industries des petits pots qui s’en sont mêlé et ont commencé à mélanger tout le monde. Aujourd’hui on revient de plus en plus à la réalité et on se calme! À une époque où le lait maternel est l’objectif d’études, on veut imiter sa composition: c’est lui, le super aliment. Il change avec les besoins grandissants du bébé tant dans sa composition que dans sa production. Il sera TOUJOURS adapté à votre bébé jusqu’à 6 mois, où là encore il suffit amplement à ses besoins nutritionnels, et l’OMS recommande toujours l’allaitement mixte jusqu’à minimum 2 ans.

Il faut savoir que les nutriments composant le lait maternel sont presqu’immédiatement assimilés par bébé, alors que les nutriments des solides sont trop complexes encore pour son pauvre petit système digestif pas encore assez mature, jusqu’à environ six mois de vie, après quoi l’alimentation est un jeu d’expérimentation (textures, goût) jusqu’à un an environ, après quoi il retirera l’essentiel des nutriments offerts pas la nourriture.

Passé six mois, le lait maternel ne comble plus tous les besoins nutritionnels de l’enfant. Là, je dis passé six mois, et encore: PAS AVANT. Je cite ici la Ligue de la Leche qui explique très bien le pourquoi du comment avec des études solides et des sources fiables:

“Comme le disait l’UNICEF en 1999, « sauf cas très rares, non seulement le bébé n’a besoin d’aucun autre liquide ou aliment avant 6 mois, mais de plus ces compléments peuvent être nuisibles, en augmentant l’exposition aux germes pathogènes, en favorisant la survenue d’allergies, et en abaissant la quantité de lait maternel consommé par l’enfant ».

[…]

Les allergologues quant à eux s’accordent tous pour déconseiller une diversification alimentaire précoce, car plus l’on introduit tôt un aliment, plus le risque d’intolérance, voire d’allergie vraie est grand. Comme le disait le Pr Dutau (CHU de Toulouse) dans un article de Que Choisir en 1999, « il n’existe aucun argument médical pour donner autre chose que du lait maternel ou en poudre avant l’âge de six mois ».

[…]

Même si certains enfants exclusivement allaités peuvent continuer à avoir une croissance satisfaisante bien au-delà d’un an, l’apport calorique réalisé par le lait maternel peut dans certains cas s’avérer insuffisant à partir de 8 ou 9 mois. On estime par ailleurs qu’en moyenne, un bébé né à terme commencera à avoir besoin de fer provenant d’autres sources entre 6 et 9 mois.”

Purées ou diversification alimentaire menée par l’enfant (DME/BLW)?

Lorsqu’on décide de commencer l’introduction des solides, on se bute à deux écoles de pensée: les purées et le Baby Led Weaning. Il faut attendre que le petit corps de bébé ait acquis certaines capacités qu’on peut observer de l’extérieur pour quelques unes d’entre elles (merci encore LLL):

  • “L’appareil digestif a mûri et devient capable d’absorber toute une gamme d’aliments;

  • La « barrière » de la muqueuse intestinale s’est développée, ce qui réduit les risques d’allergie alimentaire;

  • Le réflexe de succion a diminué, la sécrétion de salive augmente et aide l’enfant à avaler des aliments de consistance épaisse;

  • La coordination musculaire s’est améliorée : la langue peut transférer à peu près les aliments solides de l’avant à l’arrière de la bouche;

  • Le contrôle des mouvements de la tête s’est amélioré, le bébé tient assis, peut se pencher en avant, détourner la tête pour dire qu’il n’a plus faim, il tient bien les objets entre le pouce et les autres doigts et peut les diriger vers sa bouche sans craindre de s’éborgner…;

  • Les dents commencent à apparaître.”

Mini Puce qui pratique la DME avec une branche de bois (lol).

Mini Puce qui pratique la DME avec une branche de bois (lol).

C’est vers ce moment-là que lors des repas, vous verrez les yeux de votre coco pétiller avec un air de “J’AI PLEIN DE SALIVE DANS MA BOUCHE”. C’est facile d’halluciner ce moment-là avant par contre, attention à votre projection personnelle de bébé-qui-est-rendu-tellement-grand-qu’il-veut-manger-voyons-ça-paraît!

Et une fois rendus là… J’avoue que c’était le fun en titi de faire des purées jusqu’à 11h le soir! Mais connaissez-vous la diversification alimentaire menée par l’enfant (DME), ou Baby Led Weaning (BLW)? Pour vous aider à découvrir cette option qui enlève l’étape purées et fait tout simplement introduire l’enfant dans vos repas de manière simple et sécuritaire, je vous invite à consulter ce blog québécois ainsi que ce site français dédiés à la DME et où on retrouve une foule d’informations. En gros, ça consiste à faire expérimenter l’enfant de manière autonome à la hauteur de ses capacités (on s’entend qu’il ne mangera pas un steak à 6 mois, mais il aimera toucher sa texture et en suçoter un bout). Des légumes bien cuits, de la viande en gros morceau, tant que c’est facile à manipuler pour lui et qu’il peut contrôler la quantité qu’il croque.

L’avantage sur les purées? En fait, la DME est la continuité de l’allaitement pour les enfants, dans un certain sens. Beaucoup moins compliqué que les purées, on n’a qu’à assaisonner moins les aliments qu’on donne à bébé. Ça pratique son autonomie, et diminue de beaucoup le danger d’étouffement (bon, les premiers gag reflex font peur mais on s’habitue!). Comment ça? Parce que lorsque l’enfant passe des purées aux morceaux, l’enfant n’a pas appris à mâcher, seulement à avaler, donc il sera porté à vouloir avaler des morceaux non mâchés. Logique quand on y pense, non? Le côté sensoriel est d’autant plus stimulé que par les purées: on touche les textures, on observe les couleurs, on manipule, on suçote, on mâchouille, on croque, on écrase. L’apprentissage se fait juste plus rapidement et l’enfant n’en est que plus autonome, plus rapidement, sous surveillance constante bien sûr!

“Pas besoin non plus de tout réduire en bouillie, bien au contraire : le bébé qui est prêt pour les solides aime manger des morceaux (même si, au début, on les retrouve intacts dans la couche !), il aime même ronger des choses dures. Il faut savoir qu’un bébé allaité digère mieux et plus tôt les aliments solides qu’un enfant nourri au lait industriel, car le lait maternel contient des enzymes qui l’aident à digérer les gras, les protéines et les féculents.” – LLL

Quels aliments?

L’ordre aurait aujourd’hui plus ou moins d’importance. Il faut juste veiller à n’introduire qu’un nouvel aliment à la fois pendant 3 jours: si l’enfant fait une réaction allergique, on saura à quoi! Surtout pour les allergènes en fait (les arachides, le blé, les fruits de mer, les graines de sésame, le lait, les noix, les œufs, le soya, les sulfites et la moutarde), le reste c’est quand même rare.

Et aucune étude ne démontre que le fait d’introduire plus tardivement ces aliments réduit les chances de contracter une allergie à ceux-ci, donc! À surveiller surtout si un deux des parents a des allergies connues.

Mention spéciale pour le miel à éviter avant deux ans à cause du botulisme et le lait de vache pas avant 9 mois!

Autres liens intéressants à consulter

Mère Poule: l’introduction des aliments
Organisation Mondiale de la Santé: alimentation du nourrisson
Naître et grandir: l’introduction aux aliments

Maman Puce