Se préparer (mentalement) à l’arrivée de bébé en 5 points

Si on se fie aux publicités télé, un p’tit bébé “pop” de ta bedaine tout rose, tout cute, sourit déjà, dort dans sa belle chambre… Mais la réalité, ben c’est pas toujours ça. La réalité, en fait, c’est biologique, c’est instinctif, c’est la découverte d’un tout autre monde auquel on est pas nécessairement préparé quand on l’a jamais vécu: et tout le monde ressent le besoin de s’en mêler en y allant de commentaires plus ou moins encourageant/constructifs.

Voici donc ma petite liste mentale de chose auxquelles tu devras te préparer, futur petit parent, pour recevoir ton bébé selon VOS attentes.

1) Accoucher est naturel et magnifique (pour vrai)

Phrases que vous n’avez VRAIMENT pas besoin de dire à une future maman:
“J’ai fendu de bord en bord quand j’ai accouché, OMG”,
“On aurait dit qu’on avait égorgé un cochon quand ma blonde a accouché!”,
“J’connais une fille qui a fait un GROS CACA MOU en accouchant”
“Mon accouchement a duré 2938 heures”
“Bla-bla-bla-césarienne-bla-bla”
“Pousses comme si tu faisais caca”

GRANDE RÉVÉLATION CHOC: ça se peut des accouchements qui ont RIEN de tout ça, et c’est pas rare du tout, c’est juste qu’on dirait qu’on aime pas ça en parler et notre cerveau a de ces capacités phénoménalement utiles à retenir le négatif. Tout dépend de la manière avec laquelle on voit et aborde l’accouchement!

Pour ma part, ça a été une rencontre sublime, naturelle, zen. Oui, l’accouchement est pas tout rose, mais dès le départ, de le voir comme un événement merveilleux et de s’outiller adéquatement pour le voir ainsi avec, par exemple, une accompagnante à la naissance (doula), des lectures, des cours d’haptonomie, du yoga prénatal… Ça aide beaucoup. Je sais que ça ne peut pas toujours bien aller, la vie étant ce qu’elle est, mais concentrons-nous sur le positif, voulez-vous!

2) Bébé ne fera pas VOS nuits, et c’est NORMAL

Parce que, comme je l’explique ici, un bébé n’est PAS un adulte, ni physiquement ni neurologiquement parlant. Il sort tout droit de votre bedaine, et la gestation chez l’humain devrait théoriquement durer 18 mois (la tête est rendue trop grosse à ce stade pour passer par notre bassin, on accouche donc à 9 mois, soit prématurément, oui oui!). Et les techniques de “dressage/apprentissage du sommeil” ne sont que nuisibles pour votre enfant (plein d’études en défaveur, aucune en faveur scientifiquement parlant… Hmm).

Laissez votre bébé grandir et évoluer à son rythme. Écoutez-le, laissez-le vous guider: c’est ÇA, être parent. Oui vous allez manquer de sommeil, être plus irritables, vous demander ce que vous faites de pas correct: ça fait aussi partie de la game. Accompagnez votre enfant et entrez dans son moule au lieu d’essayer de le faire rentrer dans le vôtre! Il a son propre rythme biologique, et non il ne fitte absolument pas avec notre rythme effréné de métro-boulot-dodo, mais avoir un enfant, c’est exactement ça. Prendre une pause de notre vie et faire grandir un petit être qui a besoin de douceur, d’amour, de proximité… Surtout la nuit!

 3) L’allaitement EST facile et naturel, MAIS ça s’apprend

GRANDE RÉVÉLATION CHOC 2: vous avez deux seins, et ils ont pas été mis là par hasard, parce que depuis la nuit des temps les mammifères allaitent. Mais savez-vous quoi? Chez bébé, c’est inné, mais chez maman, ça s’apprend, à mon humble avis. Chez les animaux c’est tout naturel, mais je crois sincèrement que la société joue pour beaucoup dans le “désapprentissage” de l’allaitement tel qu’on le connait aujourd’hui. On a sexualisé les seins, on a relégué l’allaitement au rang de sujet tabou et fait une polémique de tout ça, on doit donc apprendre à se reconnecter à notre corps et à nos instincts maternels. 

Pour nous y aider, de nombreuses ressources qui, je crois, devraient être automatiquement mises de l’avant, sont disponibles.

  • Les CLSC offrent un programme gratuit de jumelage avec une marraine d’allaitement bénévole qui sera là pour vous presque jour et nuit pour répondre à vos questions et vous guider dans l’allaitement;
  • Des organismes de bénévoles tels Nourri-Source et la Ligue de la Leche offrent le même service de jumelage gratuit, ainsi que plusieurs organismes locaux selon votre région;
  • Des tire-lait de qualité sont disponibles en location un peu partout au Québec à des prix très abordables afin de vous éviter d’en acheter un cheap qui vous scrappera peut-être les seins;
  • BEAUCOUP de littérature en ligne est disponible (voir une mer infini) pour vous aider à comprendre l’allaitement et vous guider dans son apprentissage, mais aussi pour vous rassurer sur bébé (allez voir du côté de la Ligue de la Leche, Dr. William Sears et du Dr. Jack Newman).

Les grandes lignes rapido à retenir pour bien partir son allaitement:
* Suivre son bébé et non l’horloge (chaque bébé a son rythme propre),
* S’assurer d’avoir une bonne mise au sein (99,9% -statistique maison- des “manques de lait” viennent d’une mauvaise mise au sein -autre piste: frein de langue-! Vérifiez avec une IBCLC, votre marraine ou à une halte-allaitement dans un CLSC),
* La douleur n’est PAS normale (faites vérifier la prise du sein lors d’une halte ou avec une IBCLC, ainsi que ces pistes!)
* Allaitez à la demande (on s’en fout de la durée, du rythme… suivez votre bébé!),
* Pratiquez le cododo (partage de lit ou de chambre: vous y gagnerez du sommeil et de la proximité, c’est bon pour la production),
* Pratiquez le peau à peau et le portage (proximité = production),
* Augmenter la production pour tirer plus de lait ne passe pas nécessairement par le Dompéridone (peau à peau, portage, création d’un boire, tirer tôt le matin, consommation d’avoine, de comprimés de levure de bière, de chardon béni et de fenugrec sont vos amis -naturels-!)

Je vous invite aussi à lire quelques articles du blog sur l’allaitement:
les mythes, des graphiques et images pratiques, et un pétage de coche (BEN QUOI?).

4) Apprenez à vous fier vous à VOUS

Vos idées, votre instinct, votre feeling, votre maternité, VOTRE BÉBÉ. Cette expérience vous appartient totalement à vous (et à votre conjoint(e)): si quelque chose semble clocher, écoutez-vous d’abord avant d’écouter les autres, si ça ne semble pas s’aligner avec votre petite voix intérieure. Vous n’êtes pas obligé de… Rien en fait!

– Ça vous tente pas de faire garder votre bébé si tôt? Dites non!
– Vous vous sentez mal à l’aise avec les techniques de dressage du sommeil (et avec raison)? Ben faites à votre tête et faites-le pas!
– Vous trouvez que votre bébé tout rose a l’air bien en santé malgré une courbe de croissance weird qui pousse votre docteur à vous dire de supplémenter avec de la préparation? Juste de même, faites pas ça, EVER. Contactez votre marraine ou une spécialiste en allaitement.

Écoutez-vous et votre bébé, point barre.

5) Prenez vos informations auprès de personnes qualifiées concordant avec vos valeurs

Je ne vous conseillerai jamais assez de vous informer au lieu de vous désinformer! Validez les informations que vous recevez auprès de sources sûres, réputées et vérifiables. Mais ne virez pas fous non plus: votre meilleur guide reste votre bébé côté instincts.

Quelques ouvrages-clé qui devraient être, selon moi, donnés à chaque nouveaux parents lorsque bébé nait:

  • La science au service des parents, de Margot Sunderland: les neurosciences vous apprennent tout sur le développement neuronal de bébé et vous expliquent tout sur ses comportements, vous aidant à comprendre pas mal de choses qui sont, au début, pas mal incompréhensibles (genre, pourquoi bébé dort pas la nuit, pourquoi l’anxiété de séparation existe, etc.)
  • Le petit Nourri-Source, de Nourri-Source: genre le Mieux-Vivre, JUSTE pour l’allaitement et ses petits maux, avec plein de solutions, format pratique. Vous pouvez l’acheter auprès de votre CLSC ou de votre marraine d’allaitement.
  • L’art de l’allaitement maternel, de la Ligue de la Leche International: l’allaitement plus approfondi en informations!
  • Dormir avec son bébé: un guide sur le sommeil partagé, de James McKenna: guide ultime du cododo par excellence de l’univers entier.
  • Être parent la nuit aussi, de Dr. William Sears: pourquoi les bébés ne dorment pas la nuit, avec des pistes de solution pour vous aider à y trouver le bonheur!
  • Que faire quand bébé pleure? Vivre avec un bébé aux besoins intenses, de Dr William Sears et Martha Sears: parce que les BABI, ça existe. C’est pas facile, j’en ai un modèle, mais quand on les comprend et qu’on s’adapte, ça va bien bien bien.

Visitez la section Livres du site de la LLL, y’a PLEIN d’autres ressources chouettes.

 

Surtout, gardez en tête que vous serez toujours les meilleurs parents pour votre enfant, et que vous ferez toujours de votre mieux. ❤

– Maman Puce 🙂

Moi aussi, je crie…

Je suis une maman. Une maman parfaitement imparfaite, j’aime me le rappeler, parce que quand on est maman, on nait parfaite. Parfaite dans toutes nos imperfections, dans toute notre humanité, dans nos excès, dans nos émotions, dans notre amour. Et même si on materne, même si on est proximale, même si on porte, même si on allaite, même si on fait des beaux repas qui nous prennent trois heures à faire et que nos enfants veulent pas manger, même si on fait des Noël à la Pinterest: on finit TOUTES par le faire un jour, même en s’étant juré que ça n’arrivera pas.

On crie. Sur nos enfants, nos amours de nos vies, ceux qu’on a portés dans notre ventre ces neuf mois magiques (et peut-être moins magiques). Et savez-vous quoi? C’est ben correct.

Hé boy que vous vous l’attendiez pas, celle-là, hein?

Je vous explique ma petite histoire.

Si vous suivez mon blog, vous savez que je suis extra proximale avec Mini Puce. Je gère quand même bien mes émotions dans la mesure des hormones du possible, parce que je suis maman: et une maman est par définition parfaitement imparfaite. Alors un jour, en fait à plusieurs petites reprises, c’est arrivé: j’ai crié, parce que comme vous, j’étais tannée, ça niaisait, je me suis fait frapper par un livre de Caillou accidentellement ou ben j’étais tannée de m’obstiner. Name it.

Ce qui est important, c’est pas de se sentir mal parce qu’on a crié et de s’en vouloir jusqu’à la fin des temps recroquevillée en position foetale dans un recoin sombre.

Ce qui est important, crucial: c’est de se retirer, respirer, et S’EXCUSER.

Oui, il faut travailler fort pour bien canaliser et se raisonner pour que ça arrive pas souvent, parce que c’est CLAIREMENT pas une chose à faire dans la vie. On s’entend très très très bien là-dessus. Mais je pense qu’il est aussi important pour nos enfants de nous voir et percevoir comme les humains que nous sommes, imparfaits, pour qu’ils ne se mettent pas la pression d’être parfaits, et qu’ils soient aussi imparfaits que nous: dans l’amour, le respect, les erreurs et les apprentissages.

Nos enfants nous regardent, nous observent, nous scrutent dans nos moindres détails (“ooooh, gros bouton maman!”), et ce dans un seul et unique but: nous imiter pour grandir. Nos enfants aussi vont crier, parce qu’à leur âge, gérer leurs correctement émotions relève du miracle et du rêve: ce n’est tout simplement pas dans leurs capacités, ils ne sont PAS des adultes.

Or, ils ne sont pas obligés de recourir aux cris tout le temps, et c’est ÇA qu’il faut leur enseigner par l’exemple. En l’adoptant nous aussi, et tabarouette je vous avoue que c’est pas d’la p’tite bière: je suis une bête très émotive et soupe au lait, et je vous JURE, c’est faisable. Et faire amende honorable en s’excusant, s’excusant et s’excusant encore (pas pour rien non plus, mais quand on doit le faire, il FAUT le faire) y joue pour beaucoup.

On apprend à admettre nos torts et expliquer le pourquoi du comment: verbaliser nos émotions au lieu de tout renfermer et exploser comme la bouilloire avec le p’tit clapet fatiguant qui crie quand ç’en est trop.

Vous le voyez, le cycle infernal qui s’effrite? Oui? Moi aussi je l’ai vu. Et encore mieux: ma fille aussi l’a vu.

Un jour, elle m’a frappée avec un objet cartonné d’enfant chauve, vraiment fort, sur le front et j’ai pogné les nerfs. BAD. C’était juste avant la sieste, je lui ai expliqué en criant pourquoi je m’en allais (super constructif hein?), et elle a dormi seule (ce qui n’est pas habituel ici). Pendant toute sa sieste je me suis sentie comme de la pure marde. J’avais hâte qu’elle se réveille pour aller la coller.

Elle s’est réveillée et m’a appelée, j’accours, et je me fais apostropher ainsi: “Maman, je suis désolée de m’avoir frappé ton front avec le livre et fait bobo. Je suis désolée!”. Tout doucement. Je vous avoue, j’suis partie à pleurer, je me suis excusée en m’expliquant, on s’est fait un gros câlin et on a oublié ça.

Ma leçon: j’ai jamais été aussi fière d’avoir crié, mais surtout de m’être excusée après.

– Maman Puce