Un matin bien ordinaire. Mini Puce me demande pour écouter son épisode matinal de Monsieur Bonhomme, puis c’est arrivé. Cliclicliclicliclicliclic. Mini Puce constate alors le décès de l’écran, Maman Puce se rend à l’évidence aussi, puis commence à réfléchir de manière philosophique sur les écrans et les enfants.
On a tous vu un enfant plogué sur une tablette ou un téléphone intelligent au restaurant, pendant que les parents mangent ou sont, eux aussi, en train de gosser sur leur dispositif. Ou en auto, tout le monde tranquille sur son écran. Ou à la maison, à longueur de journée en train de jouer à Angry Birds, ou devant la télé. Ou à un endroit X, l’enfant qui fait le bacon par terre parce qu’il ne peut pas jouer sur le téléphone.
Les faits
J’ai trouvé un article très intéressant sur le sujet, chez Protégez-vous, en voici quelques extraits.
“En 2012, Jeunes en Forme Canada a additionné le temps passé devant tous les écrans: un total de plus de 7 heures par jour. Même si la Société canadienne de physiologie de l’exercice [PDF] recommande de ne pas excéder 2h/jour de temps-écrans récréatif, les auteurs prennent bien soin d’ajouter qu’une réduction additionnelle est associée à des bienfaits supplémentaires pour la santé de nos enfants.
[…] En 2006, le Ministère français des Affaires sociales et de la Santé affirmait que «les enfants de 5-6 ans qui passent plus d’une heure par jour devant un écran (télévision, ordinateur et jeux vidéo) présentent un risque d’obésité de 30 % supérieur à ceux qui y passent moins d’une heure.»
[…] une trop grande exposition aux écrans chez les petits de 1et 3 ans entraîneraient même l’augmentation des risques d’apparition du déficit d’attention à l’âge de 7 ans. […] Les recommandations des pédiatres sont claires: zéro télé entre 0 et 2 ans. En France, on entend maintenant des scientifiques proposer de retarder l’exposition des petits cerveaux jusqu’à cinq ans.
[…] Pour un enfant du XXIe siècle, décrocher des écrans équivaut à un exploit.”
Le dilemme
Nos enfants sont parfois, ne nous le cachons pas, très énergivores. On veut préparer le souper tranquille, le petit nouveau a besoin de notre attention, alors hop: on allume la télé ou on leur refile une tablette. J’y vois rien de trop mal en fait, tant que tout est fait avec modération et considération avec les faits en poche.
Là où j’ai un problème, c’est lorsqu’on s’appuie sur la technologie pour s’occuper de nos enfants. J’ai rien contre l’évolution, mais quand j’entends à la radio qu’on note une augmentation épidémique du nombre d’enfants atteints de maladies oculaires dû à la génétique et à leur environnement (j’ai pas retrouvé le lien), on se dit que hey, peut-être qu’on devrait réfléchir un peu sur le sujet? Peut-être qu’on passe trop de temps devant les écrans?
L’écran crée une dépendance: tellement de choses s’y passent! Des jeux, les nouvelles, des films, les téléséries, les réseaux sociaux, les photos… Comment s’en passer, comment vivre sans dans la société d’aujourd’hui? Faut avouer que c’est pas tout le monde qui peut se vanter de pouvoir passer une semaine sans écran. C’est pas le but de mon article anyway.
Là ou ça me met en beau joualvert, c’est quand on plogue un enfant turbulent sur un écran comme on met une suce à un enfant qui pleure. Là où ça me dérange encore plus, c’est quand ledit enfant est très très jeune, genre beaucoup trop jeune! Nous avons personnellement fait l’erreur une fois et on a suivi notre instinct en ressentant ce petit malaise coupable quand on voyait Mini Puce nous flabergaster avec ses capacités via mon iPad: on a tout coupé. Elle le voulait de plus en plus, elle avait les yeux incrustés dans l’écran, et c’était un peu troublant. Fait: plusieurs se seraient extasiés devant la déroutante facilité avec laquelle elle maniait le système d’exploitation Apple sur mon iPad: là est le problème! Il n’y a rien à admirer là, c’est tout simplement trop jeune, trop stimulant pour le développement d’un enfant qui n’a à peine deux ans.
Le problème, c’est qu’en deçà d’un certain âge, l’enfant ne dissocie pas encore la réalité de la fiction, donc l’environnement direct versus l’écran. Aussi, beaucoup trop de lumière et de couleurs ont pour effet de surstimuler l’enfant. Sans oublier le fait que l’écran crée une dépendance, donc tendance à l’isolement, risques d’obésité comme ça fait moins bouger, alors même que le cerveau de l’enfant est en plein développement.
Il faut en prendre et en laisser, je suis complètement d’accord! Il faut penser avec son coco un peu. Mais avant 2-3 ans, sérieusement, à part une journée où tout le monde est malade, chez nous c’est 15 min par jour MAX (quand minutes il y a), et encore là les pédiatres recommandent zéro, niet, nada, et je suis complètement en accord avec ce qu’ils prônent.
Les recommandations
Un peu partout où j’ai fouillé, en règle générale, avant 2 ou 3 ans, c’est 0 écran. Des études montrent que les écrans non interactifs n’ont aucun effet positif sur le développement de l’enfant. Ils auraient plutôt l’effet inverse: prise de poids, troubles de développement (langage, moteur), déficit de concentration et d’attention. Les tablettes, quant à elles, pourraient avoir des effets positifs et constituer en un genre d’éveil aux écrans, tant que ça reste interactif et qu’on les accompagne dans l’usage en commentant et en jouant avec eux, avec modération et parcimonie.
Entre 2 et 6 ans, toujours si je fais un résumé de ce que j’ai lu un peu partout, les effets positifs sont un peu plus nombreux, mais avant trois ans, on déconseille toujours l’utilisation non-accompagnée des consoles interactives. À partir de 4 ans, l’enfant serait capable d’imitation et de faire semblant, de reproduire certaines scènes: la tablette serait donc support de jeu occasionnel en famille. Par contre, pas de console personnelle: les désavantages sont beaucoup plus nombreux que les avantages, donc ça prend un horaire rigoureux.
Vers 6 à 10 ans, il faut apprendre à l’enfant à s’auto-réguler: qu’il sache lui-même lorsqu’il serait temps d’aller faire autre chose, lorsqu’il a fait assez d’écran, autrement dit. Il faut établir un climat de confiance entre parent et enfant, c’est nécessaire pour son développement et sa responsabilisation, selon ce que les spécialistes semblent dire (je suis encore une fois bien d’accord).
De 12 ans jusqu’à l’infini (genre, nous): il faut faire attention à l’usage nocturne de tous ces écrans qui dorment près de nous sur notre table de chevet! Le corps peut venir à associer le lit à l’éveil si on niaise trop dedans avec notre tablette, et ça peut être cause d’insomnie (ALLO, been there done that). Tant pour les ados que les adultes, il serait préférable d’instaurer des plages fixes pour le temps d’écran, genre de telle heure à telle heure. Vous savez, l’image typique de la famille autour e la table, chaque membre en train de zieuter Facebook? Ben, là est le problème: ça chierait monumentalement les aptitudes sociales. Encore plus vrai pour les ados, vous savez la maudite période poche pour certains: les écrans sont parfaits pour s’isoler et se couper du monde, dis-je avec des néons clignotants…
On fait quoi, alors?
Personnellement, chez nous, j’essaie d’éviter d’être sur ma tablette quand Mini Puce est autour, question de prêcher par l’exemple: plus elle nous voit dessus, plus elle va vouloir elle aussi jouer avec. C’est ce que j’ai fait dès que nous avons tout coupé la première fois (nous venons de le réintroduire, elle a plus de deux ans). J’ai commencé par couper ma dépendance à moi: plus de tablette dans la chambre à coucher le plus possible, diminution du temps passé à jouer aux jeux vidéos et devant mon mac (c’est mon outil de travail par contre). Ça a porté fruit: au bout de quelques jours, Mini Puce ne demandait plus du tout la tablette. Bon.
Ensuite, j’ai tout simplement continué sur cette lancée jusqu’à la réintroduction de la tablette tout récemment des petits 15-20 minutes à la fois, quelques fois semaine, pas nécessairement chaque jour, et chaque fois je suis près d’elle et j’interagis avec ce qu’elle fait, la plupart du temps des jeux éducatifs.
J’ai trouvé un feuillet du gouvernement qui propose plusieurs trucs:
“Que les enfants de moins de deux ans ne passent pas de temps devant les écrans. Un enfant de moins de deux ans apprend mieux s’il est en interaction avec une personne que s’il est placé devant un écran.
Que les enfants de deux à cinq ans passent moins d’une heure par jour devant les écrans. Le jeu libre, l’activité physique, ainsi que les moments en famille et avec les amis sont à privilégier pour le développement des enfants.
Que les enfants ne soient pas exposés à du contenu à caractère violent. Les émissions violentes, visionnées tôt dans la vie, peuvent avoir des effets négatifs plus tard, notamment sur la réussite scolaire de même que sur le niveau d’attention et de concentration en classe.
De privilégier un contenu à caractère éducatif. Mieux vaut choisir le contenu visionné en fonction du plus jeune spectateur de la maisonnée.
De mettre les écrans dans une pièce commune et d’éviter de les placer dans la chambre de l’enfant. Une télévision dans la chambre d’un enfant augmente les occasions de regarder un contenu inapproprié et peut nuire à son sommeil. Mieux vaut être présent et échanger avec eux sur le contenu qu’ils regardent.”
En conclusion
Tant qu’à ploguer nos enfants sur ces dispositifs, parents, faisons-le intelligemment! Ils sont pas mal la première génération qui sont nés dans cette ère où la technologie est ben trop présente, ce serait plate en titi d’apprendre plus tard que les dommages à long terme sont irréversibles. Ils sont la génération-test: essayons de faire ça comme du monde!
N’oublions pas les relations interpersonnelles, les moments en famille, les p’tits bonheurs de la vie au détriment de ces écrans qui font des épidémies de maladies oculaires dans les sociétés occidentalisées et qui mâchent notre temps comme le monstre mangeur de créativité dans Little Big Planet.

Le Negativitron, mangeur de créativité de Little Big Planet.
Je sais que c’est vraiment facile dire “tiens, j’pu capable” et donner une tablette à l’enfant, ploguer coco devant la télé pendant qu’on fait le souper, flancher devant une crise de bacon pour jouer à Angry Birds: vous n’êtes pas seuls! Mais il y a des alternatives. Des beaux casse-tête, des Tupperwares dans vos armoires, un peu d’eau, de savon, des cuillers, du colorant alimentaire…
Et surtout, il y a vous!
Maman Puce
PETITS GUIDES POUR ME FAIRE PÉTER UN PLOMB:
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